«Les difficultés financières n’ont pas de préjugés. Il faut avoir le courage de demander de l’aide» – Isabelle Thibault, conseillère budgétaire
Comment reconnaître les signes qui déclenchent une sonnette d’alarme d’un endettement trop élevé? Les problèmes financiers affectent toutes les couches de la société : du professionnel au travailleur à pourboire. Il faut juste ouvrir l’œil sur les indices précurseurs. Voici cinq points à surveiller.
1. Payer les dettes avec notre carte ou notre marge de crédit
En recevant leur chèque de paie, les gens se sentent soulagés de défrayer entièrement le solde de leur carte de crédit. « Ils se disent: ouf! Cependant, il ne reste rien dans le compte pour les autres factures. Le crédit n’est pas de l’argent. Cela ne nous appartient pas », explique Isabelle Thibault, conseillère budgétaire à l’ACEF du Sud Ouest de Montréal.
Que doit-on faire? D’abord, il faut se questionner sur le nombre de fois que cela survient au cours des six derniers mois. « C’est peut-être un signe que nos revenus ne suffisent pas. Il faut réévaluer notre stratégie financière. »
2. D’une paye à l’autre
Le phénomène est beaucoup trop courant. Les gens n’ont pas de marge de manœuvre advenant un imprévu comme le bris d’une laveuse. « On doit s’assurer d’avoir un fonds de roulement dans notre compte. Il faut prévoir un fonds suffisant pour les paiements d’hypothèque, assurances, compte d’électricité ou de téléphone. »
Mme Thibault recommande de réduire nos dépenses pour atteindre un équilibre. « L’idéal, c’est de dégager un petit surplus qu’on injecte comme épargne dans notre fonds de roulement. »
3. Se faire harceler par nos créanciers
La pointe de l’iceberg est sans contredit lorsqu’on commence à recevoir des appels de nos créanciers advenant le non paiement de nos cartes de crédit, compte d’électricité, de taxes municipales ou scolaires. Cette situation génère un stress intenable. « Il ne faut pas hésiter à consulter quelqu’un pour nous aider », affirme Mme Thibault.
Les gens hésitent trop longtemps avant d’entreprendre des démarches. « Il y a encore un tabou face aux difficultés financière. On a tendance à avoir honte et jouer à l’autruche. Les difficultés financières n’ont pas de préjugés. Il faut avoir le courage de demander de l’aide à un conseiller. »
4. Emprunter de l’argent à nos proches
Le moins possible, on devrait envisager de porter le fardeau de nos dettes sur nos parents ou nos enfants. « Emprunter 5800$ à la banque n’est pas la même chose qu’à son fils ou son beau-frère », mentionne Mme Thibault. Le problème survient lorsqu’il nous est impossible de remettre la somme à quelqu’un de notre entourage. Les relations personnelles s’enveniment créant de l’isolement pour l’endetté qui a besoin tellement de l’appui de ses proches.
5. Interruption de courant ou de téléphone
La conseillère budgétaire mentionne que ce phénomène survient autant chez les riches que les plus pauvres. Les problèmes financiers ne sont pas liés juste à un faible revenu. « Je reçois dans mon bureau des gens qui gagnent 150 000$ stressés qui se font couper l’électricité par défaut de paiement. »
Les autres consacrent jusqu’à 80% de leur revenu au paiement de leur hypothèque ou logement. Ils retardent alors les paiements des comptes d’électricité ou téléphone. La conseillère Isabelle Thibault préconise de prendre une entente urgente avec le créancier afin d’étaler des paiements minimums.
Des chiffrent qui parlent
- L’endettement des Canadiens révèle que la dette non hypothécaire moyenne s’élevait à 26 221 $ au deuxième trimestre, en progression de de 2,41% depuis un an.
- 45% des Canadiens ont dit avoir reporté d’un mois à l’autre le solde d’une carte de crédit au cours de la dernière année (Agence de la consommation en matière financière du Canada);
- 20% des Canadiens ont reconnu avoir utilisé, au cours de la dernière année, leur carte de crédit pour payer des dépenses parce qu’ils n’avaient plus d’argent, ce qui représente environ 4,5 millions d’adultes canadiens (Agence de la consommation en matière financière du Canada);
- 40% des Canadiens ont déclaré ne pas payer habituellement leur compte de carte de crédit en entier chaque mois (Agence de la consommation en matière financière du Canada);
- Le taux d’épargne personnelle au Canada est passé de 13% au début des années 1990 à moins de 0% en 2005. (People Patterns Consulting et Statistique Canada);
- 33% des travailleurs du Québec vivent d’un chèque à l’autre (Sondage de l’Association canadienne de la paie);
- 47% des employés canadiens pourraient cependant éprouver des problèmes si leur chèque de paie était repoussé ne serait-ce que d’une semaine (Sondage de l’Association canadienne de la paie);