Dans un couple, l’argent est souvent une source de tension et de conflit. Qu’est-ce qui explique que l’un est économe et l’autre dépensier ? Portrait d’un couple comparable à la cigale et la fourmi.
Hélène, 46 ans, de tempérament insécure, travaille fort pour gagner sa précieuse sécurité. Dès l’âge de 25 ans, elle a eu le réflexe d’accumuler un REER qui atteint aujourd’hui 85 000 $. Elle accumule les allocations familiales en les transférant à tous les mois dans un REER-études pour ses enfants âgés de 2 ans et 6 ans.
Son conjoint Luc est travailleur autonome dans le milieu de la musique. Il vit de contrat en contrat. L’artiste poursuit son rêve même si son compte en banque souffre le martyr.
Récemment, une amie a entendu leurs réflexions. Hélène lui a avoué combien elle déplore le manque d’ambition de son conjoint. « Durant ses journées de libre, au lieu de dormir, Luc pourrait tenter de se trouver un travail. »
De son côté, Luc dénonce le côté économe voire pingre de sa femme. « Hélène se paie des voyages de ski. Pourquoi ne m’aide-t-elle pas « à clairer » mes cartes de crédit ? », se demande-t-il à haute voix.
Insécurité versus insouciance ?
Un couple est souvent composé d’une cigale et d’une fourmi. « La société valorise les gens comme la fourmi qui travaille intensément. De tempérament insécure, elle a un réflexe d’accumuler et de garantir une sécurité à ses enfants », précise le psychologue Pierre Faubert.
« La fourmi, ajoute-t-il, engrange plus qu’il ne faut et elle ne laisse aucune miette à la cigale qui fait penser à l’artiste, de tempérament plus insouciant. »
Valeurs et contrôle
La psychologue Nathalie Parent décrit cette dualité. « L’un aime dépenser et l’autre va tenter de mettre des limites. La recherche d’un équilibre se produit naturellement dans le couple si l’un est à l’extrême alors l’autre cherchera à le ramener de l’autre côté comme une balance. »
Ce tempérament de cigale ou fourmi provient souvent des valeurs familiales. Papa était économe et maman plus dépensière ou l’inverse. Dans le cas d’Hélène, sa famille a toujours été profondément économe scrutant à la loupe les dépenses non essentielles comme l’achat de vêtements neufs, les sorties au cinéma ou au restaurant. Dans le cas de Luc, la famille, même nombreuse, ne regardait jamais à la dépense.
« L’argent créé souvent un rapport de contrôle. Quelqu’un peut être très bordélique dans son travail, sur son bureau. Au niveau financier, il reste très en contrôle. Parfois, la personne va même jusqu’à contrôler le compte de banque de ses enfants », raconte Mme Parent.
En se parlant, on se comprend
Les deux psychologues s’entendent sur un point. Au sein d’un couple, l’idéal, c’est que chaque individu puisse être à la fois cigale et fourmi. De cette façon, il peut se créer des rapprochements. Les divergences finissent par s’aplanir. « Il faut prendre le temps de s’asseoir ensemble et se demander : c’est quoi notre projet ? », dit Pierre Faubert.
Bien souvent, note-t-il, l’endettement devient une source de stress. Le couple travaille uniquement pour payer les dettes accumulées sur les cartes de crédit.
Selon un récent sondage de la CIBC, en ce début d’année 2019, le remboursement des dettes est la principale priorité financière des Canadiens. Les données précisent que 39 % des gens sondés se disent préoccupés par la nécessité de devoir négliger l’épargne afin de payer plus rapidement les dettes.
De son côté, la psychologue Nathalie Parent conclut : « Au lieu de faire l’autruche, il faut se parler. Au début de l’année, mais aussi à chaque mois, on fait le point sur le budget, les dettes à payer ou le montant d’épargne pour ce fameux voyage dont on rêve. »