Imaginez la scène : une déchiqueteuse qui détruit les cartes de crédit de consommateurs et élimine les dettes s’y rattachant. C’est une scène qui se produit quotidiennement dans les bureaux de Pierre Roy & Associés, syndic autorisé en insolvabilité.
Ces gens, des jeunes, des couples, des aînés, ont trouvé une solution à leurs dettes : dépôt volontaire, consolidation de dettes, faillite, proposition du consommateur. En conséquence, avant de repartir, ils remettent leur carte de crédit dont le solde vertigineux atteignait à un certain moment 19 000 $, 25 000 $ ou 30 000 $.
Prenons l’exemple de Rachel qui vient de déclarer faillite. La jeune femme de 28 ans s’engage dorénavant à payer 150 $ à chaque mois au bureau de syndic.
« Souvent, les gens sortent de notre bureau avec le sourire. Ils ont un plan d’action pour sortir la tête de l’eau », raconte Josée Brunelle, conseillère en insolvabilité depuis plus de 30 ans dont 22 ans chez Pierre Roy & Associés.
Le problème, c’est que parfois deux mois seulement après une faillite, les gens ont accès de nouveau à une carte de crédit. Les banques, on le sait, envoie à répétition des cartes de crédit sans même vérifier la capacité de payer des contribuables. Est-il nécessaire de rappeler cette triste statistique ? 4 Canadiens sur 10 ne paient pas leur carte de crédit à tous les mois.
En as-tu vraiment besoin ?
La spirale de l’endettement recommence peu de temps après. Les gens se procurent une nouvelle carte de crédit. « C’est la tentation d’acheter alors qu’on n’a pas d’argent. On se crée des besoins : souper au restaurant, achat de vêtements neufs, d’équipements sportifs pour les enfants », note Mme Brunelle.
Sa collègue Monique Surprenant observe qu’il n’y a jamais un cas pareil. Dans son bureau, elle voit régulièrement des gens qui utilisent leur carte de crédit pour venir en aide à des proches ou pour pallier à des problèmes de santé, une perte d’emploi, etc.
Une jeune étudiante de 21 ans doit remettre 200 $ à tous les mois pour payer sa carte de crédit qui atteint 15 000 $. C’est l’équivalent de son salaire qu’elle gagne avec son travail au salaire minimum.
« Quand je l’ai rencontrée, cela faisait 3 jours qu’elle mangeait du gruau », illustre Mme Surprenant.
Simplicité volontaire
Une autre jeune femme a un salaire annuel de 40 000 $, mais un loyer de 800 $ par mois. Tous les spécialistes en insolvabilité le disent : il faut vivre selon notre capacité de paiement.
Il est tentant d’être influencé par un voisin, une soeur ou une amie qui accumule des points en utilisant sa carte de crédit pour des dépenses liées à l’essence, épicerie, sorties au resto ou autres.
Leur salaire élevé permet peut-être de régler le solde mensuel de leur carte. Ce n’est pas le cas de tous alors que le salaire moyen des Québécois atteint 44 000 $ par année.
Pointe de l’iceberg
Dans leur bureau, les conseillères accueillent des personnes, des hommes et des femmes qui vivent une profonde détresse.
« Les agences de recouvrement créent une pression sur eux en leur disant : vous avez jusqu’à vendredi prochain pour me payer sinon, nous allons saisir votre salaire », explique Josée Brunelle.
Cet énoncé est nettement exagéré. Il faut un jugement devant un tribunal pour saisir quoi que ce soit.
« Les dettes sont souvent qu’une pointe de l’iceberg. Plusieurs vivent une souffrance liée à des dépenses compulsives, une addiction au jeu, une dépression, une séparation », observe Mme Brunelle.
Des groupes d’entraide existent comme Gamblers Anonymes et Débiteurs Anonymes.
Nouveau départ
Une fois qu’on a trouvé l’aide appropriée, l’important c’est de repartir à zéro. « On conseille de recourir à la carte de crédit uniquement pour des occasions spéciales comme la réservation d’un voyage, une location d’auto », recommande sa collègue Monique Surprenant.
Et on garde les cartes loin de notre portefeuille et même dans un endroit secret pour éloigner la tentation de dépenser. On se fixe un budget en tenant compte de nos dépenses fixes versus les rentrées d’argent.
On planifie un coussin d’épargne. On commence par 10 $ par semaine qu’on place dans un CELI. Dans un an, mine de rien, notre coussin aura atteint 520 $.