Les consommateurs devront faire un effort supplémentaire afin de payer le solde minimal de leurs cartes de crédit qui pourra atteindre 5 % d’ici six ans.
Explications et réactions
D’abord, ces dispositions de la Loi sur la protection du consommateur entreront en vigueur dès le 1er août prochain. À compter de cette date, les détenteurs d’une nouvelle carte de crédit devront payer 5 % du solde. Toutefois, cela ne s’applique pas aux titulaires actuels de cartes de crédit.
En réalité, cela laisse un délai de 5 ans, soit jusqu’en 2025 comme période d’ajustement. En août 2020, par exemple, le solde minimum à acquitter sera de 2,5 %.
Quelles sont les principales conséquences de ces nouvelles mesures ? Le nombre de faillites est-il susceptible d’être en hausse ? « C’est difficile à dire, mais à court terme, c’est positif car cela responsabilise les gens qui doivent payer plus rapidement le solde de leurs cartes de crédit », explique Jonathan Roy, directeur administratif chez Pierre Roy & Associés.
M. Roy suggère de commencer dès maintenant à prendre l’habitude de payer 5 % du montant minimum du solde de sa carte de crédit. « Cela fait une différence majeure sur le temps et les intérêts à payer. »
65 ans pour un voyage
Carte de crédit : notre porte-parole explique les changements relatifs au paiement minimum https://t.co/LGmHRv4U0D
— OPC (@OPC_Quebec) 17 juillet 2019
Le porte-parole de l’Office de protection du consommateur Charles Tanguay croit aussi que cela laisse une grande latitude aux gens. En entrevue à plusieurs médias dont à l’auteure de ces lignes, il donne comme un exemple un voyage de 5 000 $ acheté par une carte de crédit à 19,9 %. « Si on rembourse seulement 2 % du solde, cela prendra 65 ans à le payer. La personne aura ainsi payé 22 415 $ en frais d’intérêt », illustre-t-il.
En contrepartie, en acquittant 5 % de frais minimum, ce voyage sera défrayé en 13 ans. Les frais d’intérêts de crédit, eux, s’élèveront à 3 349 $.
« Actuellement, on constate un grand nombre de problèmes d’insolvabilité en raison de l’accès à de nombreuses cartes de crédit et aux limites trop élevées », estime Charles Tanguay.
De son côté, Jonathan Roy illustre dans un article détaillé comment le consommateur se prend lui-même au piège en ne payant que le strict minimum sur ses cartes de crédit : https://pierreroy.com/2017/11/cartes-de-credit-piege-paiement-minimum/
Retour aux années 90
Directrice de l’Union des consommateurs du Québec, France Latreille explique que durant les années 90, les consommateurs payaient déjà 5 % en frais minimum du solde de leur carte de crédit. « Puis, les institutions financières ont commencé à diminuer ce montant minimum jusqu’à 2 % aujourd’hui », précise-t-elle. En conséquence, cela a eu des incidences importantes sur l’endettement.
Sollicités dès la fin de leur secondaire, les jeunes ont accès à plus d’une carte de crédit. Acheter maintenant et payer plus tard est devenu quasi le dogme d’une société avide de consommer un joujou électronique ou un voyage à l’autre bout du monde.
Résultat ? Des jeunes de 20 à 25 ans ont parfois des dettes accumulées de plus de 60 000 $ sur 5 à 6 cartes de crédit incluant celles de grands magasins dont le taux d’intérêt avoisine 30 %. Les aînés, de leur côté, sont aussi aux prises avec un endettement inégalé.
Conseils
Mme Latreille recommande de faire son budget. « On tente de prévoir les dépenses comme la rentrée scolaire, Noël, vacances d’été, voyage », dit-elle.
Le plus possible, on se garde un coussin afin de prévoir des imprévus comme un frigo, un chauffe-eau, une voiture qui tombe en panne.
Cet été, on tente de sortir notre tête de l’eau de l’endettement en jetant un coup d’œil sur des outils qui nous aideront à voir clair.
Faites le calcul vous-même : https://www.opc.gouv.qc.ca/paiementminimum