Au Québec, un couple sur deux se sépare. C’est le cas d’Ariane et Pierre (prénoms fictifs) qui souhaitent mettre fin à leur vie conjugale. Mais qu’advient-il des prêts concernant l’hypothèque, la piscine creusée, le bateau, signés ensemble au moment où l’amour rime avec toujours ? Réponses de Stéphanie Poulin, conseillère en réorganisation financière chez Pierre Roy & Associés.
« Les gens viennent souvent nous consulter lors d’une séparation. Plusieurs ignorent les conséquences d’une dette conjointe, d’un endossement ou le fait de co emprunter pour une hypothèque par exemple », explique Mme Poulin.
Durant la pandémie, Ariane a perdu son emploi dans l’hôtellerie. La carte de crédit du couple servant aux dépenses comme l’épicerie a servi à payer des imprévus comme une visite onéreuse chez le dentiste. « Une séparation entraine souvent des litiges, car l’un dit à l’autre : ce sont tes dettes et non les miennes », observe la conseillère.
1. Bien évaluer
Avant de s’engager dans la signature d’un prêt avec un partenaire, Mme Poulin recommande de bien évaluer sa propre capacité financière. « On doit se poser la question à savoir si je suis capable d’assumer seul(e) la dette concernant une carte de crédit conjointe ou le paiement mensuel d’un Spa. Si la réponse est non cela devient un choix risqué », croit-elle.
Mme Poulin conseille de bien réfléchir aux risques avant d’apposer sa signature. « Le pire, dit-elle, c’est que des montants élevés peuvent entrainer l’autre dans l’insolvabilité. »
Que ce soit un endossement, une dette mutuelle ou un prêt co-signé, la conséquence est la même. On parle de « responsabilité solidaire » qui comporte des conséquences importantes advenant l’incapacité de payer de l’un ou l’autre.
2. 100 % responsable
Récemment, Ariane s’est libérée de son fardeau financier en déclarant faillite. Sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, elle et n’a donc plus de responsabilité face au prêt de 25 000 $ co-signé avec Pierre, concernant l’achat d’une piscine creusée.
Cependant, la dette ne s’efface pas par enchantement, a appris le jeune trentenaire. « Ariane, étant dans l’incapacité de payer, il se retrouve à assumer 100 % de la dette. Les gens pensent erronément que lors du dépôt d’une proposition de consommateur ou d’une déclaration de faillite, cela va permettre à l’autre d’effacer sa responsabilité face à la dette. Ce n’est pas cas », indique Mme Poulin.
Le choc est difficile à encaisser pour Pierre qui doit se serrer la ceinture pour payer entièrement le prêt de la piscine alors qu’il vit seul, dans un studio au centre-ville de Montréal. Dans son cas, il a contacté le créancier et pris une entente afin de diminuer les paiements.
3. Prise de conscience
Dans son bureau, Stéphanie Poulin voit une variété de situations et de cas différents. Un grand-papa, à la retraite, tient à endosser l’achat de la voiture de son petit-fils. Une secrétaire de direction dans la cinquantaine signe pour sa sœur concernant le prêt de sa voiture.
« Il faut savoir que si on endosse quelqu’un ou si on co-emprunte avec une personne, il faut être conscient que cela peut affecter notre propre capacité d’emprunt advenant des projets dans le futur », fait valoir Mme Poulin.
Même si notre sœur ou notre petit-fils assume ses paiements, il se peut qu’on ait la difficulté à obtenir du financement concernant la rénovation de notre maison. « C’est triste de voir des gens être dans l’impossibilité de réaliser un projet de vie comme devenir propriétaire parce qu’ils ont mal évalué au départ les conséquences d’un endossement ou d’un prêt signé en commun », conclut-elle.
À retenir
Dans son budget mensuel, on planifie un fonds d’urgence. On y verse un montant régulier de 50 $, 100 $ advenant une perte d’emploi, l’entretien de sa voiture ou l’achat d’un électroménager. On évite d’utiliser la dette de crédit pour payer ces sommes.