Dans une société de performance et de surconsommation, plusieurs témoignent de leur rythme de vie effréné : acquisition d’automobile de l’année, voyages et restaurants à profusion.
Au fil du temps, les cartes de crédit grimpent à la vitesse d’un manège de La Ronde. Un sentiment de honte s’insinue au fond de soi. Un jour, on prend la décision de s’en sortir. Avec courage et dignité, on prend le téléphone pour prendre rendez-vous avec un bureau d’insolvabilité.
C’est le cas de Gaston, nom fictif, qui a partagé ce témoignage. « J’avais honte avant ma rencontre. J’ai eu la chance de rencontrer une conseillère qui a fait preuve de beaucoup d’empathie à mon égard », explique-t-il.
Cette intervenante est Stéphanie Poulin. « Quand on vient nous rencontrer, dit-elle, les gens sont acculés au pied du mur. Ils ont un sentiment de honte et c’est à cause de ça qu’ils ne vont pas chercher d’aide. »
Qui sont ses clients ? Des personnes éduquées qui ont des professions enviables. Des avocats, planificateurs financiers, comptables, policiers, pharmaciens, enseignants. Des professionnels qui ont un endettement proportionnel à leurs revenus.
« Plusieurs se paient un niveau de vie qu’ils sont incapables de se permettre. Certains n’osent pas parler de leurs dettes à leur famille ou amis et parfois, même le conjoint l’ignore. »
Boulet
La conseillère en insolvabilité financière parle que l’endettement est associé à un échec. « Tu gagnes bien ta vie et tu traînes un endettement comme un boulet. Un sentiment de culpabilité vient augmenter le sentiment de honte », confie Stéphanie.
Quel est le facteur déclencheur qui incite à prendre ses finances en main ? « Les gens ont commencé à recevoir des appels et des menaces de créanciers et d’agences de recouvrement. »
Drames humains
Dans son bureau Stéphanie rencontre des gens vivant de véritables drames humains. Une dame, aux prises avec plus de 100 000 $ de dettes sur ses cartes de crédit avait un garçon souffrant de troubles psychotiques la forçant à arrêter de travailler.
Un jour, son fils a commencé à prendre du mieux. Elle se permet un voyage. À son retour, elle s’aperçoit qu’il a saccagé sa résidence causant pour plus de 50 000 $ de dommages. Elle n’a plus jamais revu son fils, parti avec sa propre voiture.
Soulagement
De son côté, la conseillère en insolvabilité Josée Brunelle qui compte 25 ans d’expérience dans le domaine voit aussi des aînés aux prises avec l’endettement. « Plusieurs ont encore les cartes de crédit Sears à régler leur solde. Avec la hausse des paiements minimums, dit Josée, leur paiement est passé de 200 $ à 350 $ et ils viennent cogner à notre porte. »
Certains sont endettés depuis 20 ans. Parents de cinq enfants, ils ont parfois vécu une perte d’emploi. Ils viennent sonner à la porte d’un bureau d’insolvabilité parce que la banque ne peut plus refinancer leur maison.
« Ils sont nombreux à régler leurs cartes de crédit qui atteignent 25 000 $ ou 30 000 $ en utilisant leur marge de crédit. La maison est complètement hypothéquée », illustre Stéphanie Poulin.
Soulagement
Les deux conseillères en insolvabilité constatent combien leur rôle est important. « À partir du moment que les gens prennent la décision de consulter, ils sont déjà en voie du rétablissement de leurs finances », ajoute-t-elle.
« Je suis là pour leur donner un coup de main pour les motiver à trouver des solutions avec eux », renchérit de son côté Josée Brunelle.
À la fin d’une rencontre qui évoque des solutions concrètes à la spirale de l’endettement des gens, les conseillères voient leur impact. Leurs clients arrivés le visage crispé et le regard fuyant ressortent en les regardant droit dans les yeux et avec un air détendu. Ils ont repris confiance dans l’avenir. Cela n’a pas de prix.