Tout n’est pas rose à la retraite, preuve en est que les aînés sont de plus en plus endettés. Depuis 2010, les 65 ans et plus constituent d’ailleurs le groupe qui a le plus augmenté parmi les clients qui sont venus nous consulter pour des problèmes d’insolvabilité. Mais quelles sont les causes de ces difficultés grandissantes?
Claude et Denise ont travaillé dur toute leur vie durant. Maintenant qu’ils ont quitté le marché du travail, ils comptent bien se gâter un peu. Ils ne roulent pas sur l’or, mais ils bénéficient tous deux d’un régime de retraite de leur employeur, en plus des régimes publics. Quelques mois à peine après le début de sa retraite, Claude s’est offert le VUS qu’il convoitait depuis longtemps. Puis, ils ont planifié quelques voyages, payés à l’aide de leur marge hypothécaire. Pour maintenir le train de vie auquel ils étaient habitués lorsqu’ils travaillaient encore, ils ont également utilisé leurs cartes de crédit. Résultat : leurs économies ont fondu, ils se sont endettés et leurs rentes de retraite ne suffisent plus pour faire face aux paiements qu’ils doivent effectuer chaque mois.
Cet exemple fictif est caractéristique des pièges qui guettent les retraités. D’ailleurs, selon des données de Statistiques Canada, la proportion des familles de personnes âgées (65 ans et plus) qui avaient une dette est passée de 27% en 1999 à 42% en 2016. Quant au montant médian de la dette, alors qu’elle était de 9 000$ en 1999, elle grimpait à 25 000$ en 2016 (en dollars constants de 2016).
Cela se répercute inévitablement sur le nombre de dossiers en insolvabilité : selon le Bureau du surintendant des faillites, au Québec, la proportion des 65 ans et plus a bondi de 10,5% en 2015 à 13,1% en 2018, passant en tête de toutes les autres catégories d’âge. Un triste record qui ne présage rien de bon pour l’avenir de nos aînés…
Les coupables
Mais à qui la faute? Selon l’étude de Statistique Canada, environ deux tiers de la hausse des niveaux d’endettement moyens ont été causés par l’augmentation de la dette hypothécaire. Le reste provient de dettes de consommation : carte ou marge de crédit, prêt bancaire, prêt automobile, etc.
Fait encore plus préoccupant : en 2016, 14 % des familles de personnes âgées avaient une dette de consommation supérieure à leur revenu familial après impôt, en hausse de 4 % par rapport à 1999.
Mais ce n’est pas tout : l’espérance de vie augmente sans cesse, puisqu’on peut espérer désormais vivre environ 20 ans de plus après l’âge de 65 ans. Autrement dit, il faut constituer un coussin d’économies de plus en plus important si on veut pouvoir s’offrir des vieux jours relativement confortables. Or, tout le monde n’est pas en mesure de mettre les sommes nécessaires de côté, surtout si le budget était déjà serré durant la vie active.
L’accès facile au crédit est aussi un changement de culture important chez les retraités d’aujourd’hui, par rapport aux précédents qui ont vécu avec une discipline budgétaire plus sévère. Dans ces conditions, la tentation est grande de pallier le manque à gagner en utilisant des instruments de crédit.
Conseils pour éviter l’endettement
N’oubliez pas qu’à la retraite, vos revenus vont diminuer. Par conséquent, évitez de faire un achat important (automobile, véhicule récréatif, etc.) à ce moment-là, ou peu de temps avant de quitter le marché du travail. Dans le même ordre d’idée, votre hypothèque devrait être entièrement payée avant la retraite. Pourtant, selon une étude de Desjardins, le taux de personnes âgées ayant une dette hypothécaire est passé à 11,4 % en 2016 alors qu’il était de 6,5 % en 1999, ce qui pèse lourd sur leurs finances.
Par ailleurs, tenez un budget réaliste en fonction de vos entrées de revenus, sans compter sur les cartes de crédit. Avec des taux d’intérêt de près de 20%, on peut vite tomber dans la spirale de l’endettement!
Rappelez-vous aussi que votre maison n’est pas un guichet automatique : la marge de crédit hypothécaire doit être utilisée avec modération et en cas de nécessité seulement. D’ailleurs, peut-être serait-il à propos de vendre une grande résidence réclamant beaucoup d’entretien et aux taxes foncières élevées en vue d’acquérir un logement plus petit et moins coûteux.
En termes de transport, si vous avez deux véhicules, se départir de l’un d’entre eux serait probablement judicieux. Vous n’en avez qu’un, mais il vous coûte cher chaque mois? Optez pour une automobile moins onéreuse.
Votre budget vous remerciera! Car après tout, la retraite, c’est aussi une période de la vie où l’on veut subir moins de stress et profiter des bons moments.
Pour vous aider à y voir plus clair : Test éclair pour évaluer votre situation financière – Association des consommateurs du Québec