Depuis quelques années, les options de paiements fractionnés (souvent présentées sous les slogans « Achetez maintenant, payez plus tard » ou « 4 versements faciles ») se multiplient rapidement au Québec, tant dans les boutiques en ligne que dans les commerces traditionnels. À première vue, cette formule semble attrayante : elle permet d’obtenir immédiatement un produit ou un service tout en étalant le coût en plusieurs versements.
Cependant, derrière cette apparente simplicité se cachent des risques bien réels. Pour plusieurs consommateurs déjà fragiles sur le plan financier, ces paiements fractionnés peuvent devenir un piège menant au surendettement.
Faisons le point sur ce mode de financement, ses dangers, et sur les précautions à prendre avant d’y recourir.
Qu’est-ce que les paiements fractionnés?
Le concept est simple : au lieu de payer un achat de 400 $ immédiatement, le commerçant ou une plateforme de paiement (Klarna, PayBright, Afterpay, Sezzle, etc.) propose de le diviser en 4 versements de 100 $ sur quelques semaines ou mois.
Dans certains cas, il n’y a pas de frais ou d’intérêts, du moins si les paiements sont effectués à temps. C’est ce qui séduit les consommateurs : l’impression d’avoir accès à un crédit gratuit.
Cependant, derrière cette apparente gratuité se cachent des conditions strictes. Des frais élevés ou des intérêts peuvent s’appliquer si :
- un paiement est refusé ou en retard;
- le consommateur dépasse sa limite autorisée;
- le plan de versements est prolongé ou converti en crédit classique.
Pourquoi est-ce risqué?
Une banalisation du crédit
Le paiement fractionné donne l’illusion qu’un achat est plus « abordable » qu’il ne l’est réellement. Payer 50 $ aujourd’hui semble anodin, mais on oublie que trois autres paiements suivront. Cette banalisation du crédit pousse à consommer davantage, parfois au-delà de ses moyens.
L’effet boule de neige
Un seul plan de paiements fractionnés peut être gérable. Mais que se passe-t-il lorsqu’on en accumule plusieurs en parallèle? Un achat de vêtements ici, un appareil électronique là, une réservation de voyage… Rapidement, le budget mensuel est saturé par une multitude de petits paiements récurrents.
Le danger n’est pas tant dans le montant initial de chaque achat, mais dans leur effet cumulatif.
Le manque de visibilité
Contrairement à une carte de crédit où le solde total est visible sur un relevé unique, les paiements fractionnés sont dispersés entre plusieurs fournisseurs. Il devient facile de perdre le fil. Le consommateur croit contrôler ses finances, mais il sous-estime ses engagements futurs.
Des frais souvent cachés
Un seul paiement manqué peut générer des frais de 10 $, 20 $ ou plus. Et si le consommateur doit reporter ses paiements, l’option « sans intérêt » se transforme en financement à un taux souvent élevé, parfois supérieur à celui d’une carte de crédit.
Le lien avec le surendettement
En tant que syndics autorisés en insolvabilité, nous rencontrons régulièrement des personnes qui se sont laissé séduire par ce type de financement. Voici les mécanismes qui mènent au surendettement :
- Facilité du crédit : plusieurs petits paiements qui paraissent inoffensifs finissent par représenter une part importante du revenu disponible.
- Absence de planification budgétaire : les consommateurs n’intègrent pas toujours ces paiements futurs dans leur budget.
- Accumulation avec d’autres dettes : cartes de crédit, marges de crédit, prêts automobiles… Le paiement fractionné devient une dette additionnelle qui fragilise encore plus la situation.
Au final, le consommateur se retrouve pris dans une spirale où une bonne partie de son revenu est déjà engagée, laissant peu de marge pour les imprévus. Une dépense inattendue (réparation d’auto, facture médicale, perte de revenu) peut alors suffire à faire basculer dans le surendettement.
Quand demander de l’aide?
Si vous sentez que vos paiements fractionnés, combinés à vos autres dettes, commencent à vous étouffer, il est temps d’agir. Les signes d’alerte incluent :
- reporter ou manquer certains paiements;
- dépendre du crédit pour vos achats courants;
- utiliser le crédit pour payer d’autres crédits;
- ressentir du stress ou de l’anxiété en pensant à vos finances.
Un syndic autorisé en insolvabilité peut vous aider à faire un bilan complet de votre situation financière. Contrairement aux croyances populaires, consulter un syndic ne signifie pas nécessairement déclarer faillite. D’autres solutions existent, comme la proposition de consommateur, qui permettent de reprendre le contrôle avant qu’il ne soit trop tard.
Nous sommes là pour vous
Les paiements fractionnés sont présentés comme une solution moderne, flexible et sans tracas. En réalité, ils peuvent représenter un piège financier : séduisants à court terme, mais dangereux à long terme si on les accumule sans réflexion.
La clé est de toujours garder une vision claire de votre budget et de vos priorités financières. Si vous sentez que vos dettes prennent trop de place et que vos paiements mensuels deviennent difficiles à gérer, n’attendez pas. Nous sommes là pour vous écouter, évaluer vos options et vous accompagner vers un nouvel équilibre financier.