Malheureusement, il arrive que des personnes mal intentionnées réussissent à profiter de notre générosité en nous extorquant de l’argent. Les cas vécus de fraude que nous rapportons ici vous feront certainement réfléchir…
De purs inconnus, mais aussi des proches, et même des amoureux, peuvent nous entraîner dans la débâcle financière. Leur méthode ? Faire appel à notre bon cœur, à nos sentiments, mais aussi jouer sur notre naïveté, pour obtenir des sommes dont on ne reverra jamais la couleur ! Des fraudes dont certains ne se relèveront jamais et qui les pousseront même à la faillite. Deux de nos conseillères en réorganisation financière témoignent de situations où elles ont été appelées à intervenir.
Un père généreux
Josée, une jeune femme dans la trentaine, tombe amoureuse de celui qu’elle croit être le prince charmant. Homme d’affaires prospère, il lui dit habiter une résidence cossue, mais curieusement, ne l’invite jamais chez lui… Comme par hasard, au bout de quelques semaines de fréquentation, il souhaite se lancer dans une nouvelle affaire qui nécessite d’importants investissements. Il demande une aide financière à Josée et lui fait miroiter gros rendements.
Convaincue, elle décaisse ses REER et lui verse aussi plusieurs autres montants. « Quand finalement elle est à bout de ressources et éprouve des difficultés à assurer son propre train de vie, elle demande à son père de lui prêter de l’argent. Ce qu’il fait, en effectuant des avances de fonds sur ses cartes de crédit et en contractant un prêt personnel », raconte Nathalie Gélinas, conseillère en réorganisation financière.
Lorsque le père de Josée commence à poser des questions, elle se fâche et l’accuse de nuire à sa relation. Pour en avoir le cœur net, il décide alors d’aller sonner à la maison où est censé résider l’amoureux de sa fille et surprise ! C’est une autre personne – le vrai propriétaire – qui ouvre la porte. Le pot aux roses est découvert, et le « prince charmant » disparaît dans la nature sans laisser d’adresse.
Résultat : avec 50 000 $ de dettes, le généreux père a été contraint de faire faillite. De son côté, Josée a refusé de porter plainte pour fraude, et a également reproché à son père d’avoir fait fuir son amoureux…
« Dès qu’une personne vous demande de lui donner ou de lui prêter de l’argent en échange de son amour, il faut se poser des questions. C’est le signe qu’il y a peut-être anguille sous roche », conseille Nathalie Gélinas.
Une grand-mère flouée
Françoise, 70 ans, elle est la mère de Catherine, 48 ans, et la grand-mère de Kevin, 22 ans. Avec une pension de retraite de 1 600 $ par mois, elle ne roule pas sur l’or, mais lorsque son petit-fils a des problèmes avec la justice, elle utilise ses cartes de crédit pour les aider. « Kevin était un jeune délinquant, et sa mère n’avait pas les moyens d’engager un avocat. Alors c’est la grand-mère qui est venue à la rescousse pour lui éviter la prison. Au final, elle s’est retrouvée avec un solde de 20 000 $ sur ses cartes de crédit, une somme qu’elle était bien incapable de régler », mentionne Nathalie Gélinas.
Or, quand Françoise a demandé à Catherine de lui rembourser ce qu’elle lui devait, elle et son fils ont tout bonnement disparu et n’ont plus jamais donné signe de vie. « C’est une femme en larmes, harcelée par les créanciers, qui s’est présentée à mon bureau », relate Nathalie Gélinas. Elle a finalement fait faillite, mais éprouvait de la honte à l’idée d’avoir dû en passer par là, elle qui avait toujours payé tout ce qu’elle devait.
« De plus en plus d’aînés sont victimes de fraude, notamment les personnes seules. Elles sont à risque parce que très vulnérables. Souvent, ce sont leurs proches qui sont en cause, leurs enfants, petits-enfants, un aidant naturel », précise la conseillère qui recommande la vigilance et de ne croire tout ce qu’on nous raconte. Faire des vérifications, demander des garanties, s’informer, sont de bonnes façons d’éviter de se faire prendre au piège.
Un amour à distance
Lorsque Marie-Claude, dans la quarantaine, est allée rencontrer Jocelyne Cliche, conseillère en réorganisation financière, elle était endettée de 80 000 $. Son histoire ? « Elle avait fait la connaissance de quelqu’un sur Internet. Rapidement, cet homme lui déclare son amour et ils commencent à faire des projets de mariage. Le problème est qu’il vit à l’étranger et a besoin d’argent pour effectuer les démarches d’immigration pour venir la rejoindre. Elle lui envoie donc régulièrement d’importantes sommes d’argent, mais au bout du compte, l’homme disparaît sans laisser de trace », raconte Jocelyne Cliche.
Marie-Claude porte plainte pour fraude à la police, et réhypothèque sa maison, une propriété que lui a laissé son père en héritage, pour payer ses dettes.
Mais ses mésaventures n’allaient pas s’arrêter là… Elle retourne sur Internet et se lie d’amitié avec un homme qui dit connaître l’auteur de l’escroquerie dont elle a été victime et habiter le même pays que lui. Il lui assure qu’il peut réussir à récupérer une partie de la somme qu’on lui a volée, mais pour cela, il a besoin d’engager un avocat. « Elle puise à nouveau dans sa marge et carte de crédit, et lui fait parvenir 50 000 $, un montant qu’elle ne reverra jamais puisqu’elle vient d’être arnaquée pour une deuxième fois », déplore Jocelyne Cliche.
Avec un salaire de 1 800 $ par mois, Marie-Claude n’est pas éligible à une proposition de consommateur et si elle fait faillite, elle perdra sa maison. Jocelyne Cliche lui recommande donc de faire affaire avec un prêteur hypothécaire temporaire auprès de qui elle obtient 50 000 $. Cette bouffée d’oxygène lui permet de payer ses dettes. Entre-temps, elle a vendu sa résidence, et après avoir remboursé le prêteur temporaire, il lui est encore resté 30 000 $. Au moins, elle n’aura pas tout perdu, mais elle a payé cher pour sa naïveté…
« Il faut se rappeler que sur Internet, on peut se faire passer pour n’importe qui, envoyer une photo qui n’est pas la nôtre. Les fraudeurs savent repérer et jouer avec les émotions des personnes qui se sentent seules et qui ont besoin d’être aimées. En tout état de cause, si un individu rencontré sur le web vous demande de l’argent, refusez et mettez un terme à la relation », recommande Jocelyne Cliche.
Pour en savoir plus et apprendre à se protéger contre la fraude, consultez les ressources suivantes.
Fraude, arnaques et vol d’identité
Sûreté du Québec : L’arnaque amoureuse
https://www.sq.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2019/02/mpf-arnaque-amoureuse.pdf
Services Québec : Fraude, extorsion et cybercriminalité
http://www4.gouv.qc.ca/FR/Portail/Citoyens/Evenements/consommateur-renseignement-plainte/Pages/fraude.aspx
Centre antifraude du Canada
http://www.antifraudcentre-centreantifraude.ca/index-fra.htm
Gouvernement du Canada : Protection contre la fraude et les escroqueries
https://www.canada.ca/fr/services/finance/fraude.html
Service de police de la Ville de Montréal : Fraude
https://spvm.qc.ca/fr/Aines/Fraude
Commission des services financiers et des services aux consommateurs : Les fraudes et les escroqueries
http://fr.fcnb.ca/fraudes-escroqueries.html
Fraude contre les aînés
Éducaloi : Les aînés et la fraude financière
https://www.educaloi.qc.ca/capsules/les-aines-et-la-fraude-financiere
Autorité des marchés financiers : Prévenir la maltraitance financière envers les aînés
https://lautorite.qc.ca/grand-public/prevention-de-la-fraude/prevenir-la-maltraitance-financiere-envers-les-aines/
Gendarmerie royale du Canada : Guide de sécurité à l’intention des aînés – Les fraudes et les escroqueries
http://www.rcmp-grc.gc.ca/fr/guide-securite-a-lintention-des-aines#a7