Sans tentation de voyages, spectacles ou soirées au restaurant, plusieurs ont réussi à épargner durant la pandémie. Alors, doit-on en profiter pour se gâter ? Avant, il est préférable de rembourser ses dettes et d’épargner, selon l’avis de nos experts qui proposent 5 moyens pour surmonter le cercle vicieux et infernal de l’endettement.
« On sent que c’est une bombe à retardement : les gens qui ont de l’épargne devraient rembourser leurs dettes au lieu d’aller au resto ou procéder à l’achat d’une motomarine ou d’un spa. Sinon, ils vont se retrouver avec une balloune de dettes dans six mois ou un an » – Jonathan Roy, directeur chez Pierre Roy & Associés
Julie, 38 ans est maman monoparentale de trois jeunes enfants. Depuis mars 2020, elle a économisé la somme de 6 000 $. Toutefois, elle doit encore 12 000 $ sur ses cartes de crédit.
Récemment, elle a consulté Martine Robitaille, syndic autorisé en insolvabilité chez Pierre Roy & Associés à Terrebonne. Ses clients tout comme Julie sont confrontés à des dettes plus élevées que le montant épargné au cours des 14 derniers mois.
1. Proposition de consommateur
Dans ce cas, notre spécialiste suggère la proposition de consommateur qui permet de négocier un arrangement avec les créanciers.
Cette solution méconnue compte plusieurs avantages. D’abord, les intérêts cessent dès l’enclenchement du processus. La jeune femme de 38 ans a décidé de conserver un coussin de 2 000 $ pour parer aux imprévus. Sa dette de 8 000 $, répartie sur 60 mois, représente maintenant un montant mensuel de 133 $.
En ressortant du bureau de Pierre Roy & Associés, fin juin, la jeune maman a ressenti un soulagement indescriptible. « C’est la première fois que je réussi à respirer et ce, à tous les niveaux et quel stress de moins ! », s’exclame-t-elle.
Depuis 10 ans, Julie payait que le solde minimum sur ses cartes de crédit. Enfin, elle peut entrevoir la lumière au bout du tunnel.
La proposition de consommateur est une solution prévue dans la loi qui permet à une personne endettée d’offrir un règlement partiel de ses dettes à ses créanciers. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un montant mensuel payé sur 5 ans, sans intérêt.
Ce que l’on peut voir depuis quelques mois, ce sont des gens qui ont un épargné une certaine somme d’argent et qui peuvent donc offrir un montant forfaitaire dans le cadre de leur proposition. Cette offre aux créanciers d’un montant au tout début de l’entente rend la proposition encore plus intéressante pour eux et mène à un plus haut taux d’approbation.
Pour bien comprendre le concept d’une proposition avec un montant forfaitaire, voici un exemple typique :
Dettes : 30 000 $
Montant forfaitaire offert au dépôt de la proposition : 3 000 $
Paiement mensuel : 60 mois x 150 $ = 9 000 $
Montant total de la proposition : 3 000 $ + 9 000 $ = 12 000 $
Taux de remboursement : 12 000 $ / 30 000 $ = 40 %
Intérêts payés : 0 $
2. Priorité : les dettes
En ce moment, Mme Robitaille rencontre des gens dans son bureau qui ont reçu la PCU durant la pandémie et se retrouvent avec une note salée. « La proposition de consommateur, précise-t-elle, permet de rassembler toutes nos créances : celles de nos cartes de crédit, prêts personnels ou dette d’impôt. »
L’an dernier, Philippe, 35 ans, informaticien de métier, n’arrivait plus à se concentrer à son travail et il a même perdu le sommeil en raison de ses dettes de 60 000 $. Le coach et planificateur financier Amine Chbani est venu à son secours.
« Il a réduit ses dettes en augmentant ses revenus et en réalisant d’autres contrats en dehors de ses heures de travail. Résultat ? En un an, il ne lui reste que 15 000 $ à rembourser », indique M. Chbani.
Entretemps, la tentation est forte pour plusieurs d’utiliser leur épargne pour l’achat d’un véhicule tout terrain. Le voisin, en a un lui, le chanceux, se dit-on. « On sent que c’est une bombe à retardement, ajoute de son côté, Jonathan Roy, directeur administratif chez Pierre Roy & Associés. Les gens qui ont de l’épargne devraient rembourser leurs dettes au lieu d’aller au resto ou procéder à l’achat d’une motomarine ou d’un spa. Sinon, ils vont se retrouver avec une balloune de dettes dans six mois ou un an. »
3. Trouver sa source de motivation
Comment peut-on trouver la motivation pour l’épargne alors qu’on est confronté à de fortes tentations ? Cela est un peu comparable à celui ou celle qui veut perdre du poids tout en tentant de résister à la crème glacée au chocolat.
Le Coach financier Amine Chbani donne l’exemple d’un couple, venu le consulter. Julien et Isabelle projettent d’aller dans le Sud l’hiver prochain avec leurs deux enfants. « Leur source de motivation, dit-il, c’est de régler leurs dettes et par la suite, épargner pour réaliser leur rêve. »
Certains baby-boomers parviennent à économiser 500 $ par mois afin d’atteindre l’objectif de prendre une retraite bien méritée dans cinq ans.
4. Bénéfice sur le plan mental
Faut-il investir notre coussin financier dans des placements ? « On peut investir nos économies dans des placements, dit M. Chbani, mais il ne faut pas oublier que rembourser ses dettes procure un bénéfice additionnel pour notre santé mentale. »
5. Profiter de la vie
Cette tranquillité d’esprit obtenue permet enfin d’envisager notre prochain rêve : voyage, rénovations, achat d’un chalet, etc.
« Je travaille beaucoup à faire le lien entre l’argent et l’émotion et je pense qu’il faut coordonner nos émotions avec nos objectifs financiers. De cette façon, cela devient plus facile de gérer nos finances avec nos projets », conclut Amine Chbani.