Catherine Girouard a récemment publié un article sur le site LesAffaires.com intitulé : Pourquoi les Québécois sont-ils les champions de la faillite? Dans cet article, elle nous informe que le Québec trône au sommet des provinces ayant déposé le plus de dossiers d’insolvabilités (faillites et propositions) en 2014. La question qui plane est : pourquoi ?
Tout d’abord, ses chiffres sont exacts. Selon les statistiques du Bureau du surintendant des faillites, c’est 41 554 dossiers qui furent déposés au Québec par des consommateurs versus 41 108 en Ontario. Ce n’est pas une énorme différence en chiffres absolus, mais considérant que l’Ontario a une population 66% plus grande que celle du Québec, la différence est énorme.
Lorsqu’on regarde les taux d’insolvabilité et non les chiffres absolus, on remarque que le Québec a un taux moyen de 6,3 insolvabilités par 1000 habitants. Pris à part, ce taux n’est pas surprenant : la moyenne des cinq dernières années se situe à 5,98. Par contre, lorsque comparé à l’Ontario et au reste du Canada, ce taux parait immédiatement élevé. Pour 2014, le taux d’insolvabilité en Ontario s’établissait à 3,8 et la moyenne canadienne à 4,2. Ces deux taux étaient en baisse cette année. La moyenne des cinq dernières années pour l’Ontario est de 4,54 et la moyenne canadienne, 4,52.
La question qu’on doit donc se poser est la suivante : Pourquoi le taux d’insolvabilité grimpe au Québec alors qu’il baisse presque partout au Canada?
Les Québécois sont-ils trop endettés?
Regardons du côté du taux d’endettement des Québécois par rapport à celui des canadiens. Un récent rapport de Desjardins rapporté par le site Conseiller.ca indique un taux d’endettement moyen au Canada de 163,3%. Le Québec s’en tire plutôt bien avec un taux d’endettement de 143% en comparaison, notamment lorsqu’on regarde le taux d’endettement de l’Ontario qui se situe à 170%.
Est-ce que ces chiffres disent tout? Non, pas vraiment. On ne peut pas passer à côté du fait que le taux d’endettement comprend autant les dettes non-garanties (cartes de crédit, marges de crédit) que les dettes garanties (prêts hypothécaire, prêts auto, etc.). Pourquoi cela change la donne? Simplement parce que les dettes garanties ne représentent pas le même risque financier que les dettes non-garanties.
La valeur moyenne d’une résidence en Ontario est de 430 000$ versus 270 000$ au Québec (soit 60% plus élevé) alors que les salaires en Ontario sont seulement 10% plus élevés. En sachant cela, il ne serait pas surprenant que les Ontariens présentent un taux d’endettement environ 45% plus élevé que les Québécois. Leur taux d’endettement n’est seulement que 18% plus élevé.
Le problème pourrait-il se situer au niveau du marché de l’emploi?
À première vue, oui.
Du côté du marché de l’emploi en 2014, il y a de ces statistiques qui coupent le souffle. Dans sa revue économique hebdomadaire du 30 janvier 2015, Sébastien Mc Mahon, économiste et CFA au Groupe financier Industrielle Alliance explique que 83% des emplois créés au Canada en 2014 furent créés dans l’Ouest canadien. Encore plus déconcertant, Global News rapporte que 40% des emplois furent créés dans la grande région métropolitaine d’Edmonton!
Qu’en est-il pour le Québec? Un recul de 9,6%. Ce rendement déplorable positionne le Québec en dernière position, juste après les provinces de l’Atlantique qui ont reculées de 8,8%.
Bien que les causes qui amènent à la faillite sont nombreuses et diverses, au final, il n’est pas surprenant que les Québécois soient les champions de la faillite lorsqu’on regarde ces chiffres sur l’emploi.