Même si les cas de séparation ou divorce sont en hausse en temps de pandémie, certaines femmes hésitent à quitter leur conjoint par crainte d’insécurité financière.
« Plusieurs se demandent : comment vais-je faire pour payer seule une hypothèque ou un loyer ? On les informe qu’un syndic comme le nôtre peut les aider à trouver une solution », explique Karine Clermont, conseillère en réorganisation financière chez Pierre Roy & Associés.
Prises dans un engrenage
Au quotidien, Karine Clermont observe des signes de détresse chez ses clientes qui vivent confinées, 24 h sur 24, avec leur conjoint. Jeunes ou plus âgées, elles souffrent de dépendance affective ou pire, de violence conjugale. Elles proviennent de différents milieux et ce, toutes classes sociales confondues.
Mme Clermont constate que des hommes utilisent le nom de leur conjointe pour obtenir du crédit auprès d’une institution financière. Certains inscrivent le nom de leur conjointe comme administratrice de leur entreprise. « Je vois aussi des femmes qui achètent une voiture pour leur conjoint », ajoute-t-elle. Lui, de son côté, promet de rembourser fidèlement le prêt.
Avec la pandémie, des milliers de personnes ont perdu leur emploi. Plusieurs ne peuvent plus assumer le paiement de dépenses effectuées alors que l’économie était au beau fixe.
Exemples d’abus
Lucie Hénault dirige depuis 32 ans une Maison d’hébergement pour femmes violentées située en Montérégie. Elle estime que la pandémie accentue les abus. « Le fait d’être isolée et confinée permet à un conjoint dominateur et contrôlant d’asseoir encore davantage son emprise » , observe-t-elle
Au fil de la relation, certains hommes développent de façon subtile des stratégies pour soutirer de l’argent à l’élue de son cœur. « Reposes-toi donc, lui dit-il, je vais aller faire telle course à l’épicerie, mais avant, me passerais-tu ta carte de guichet ? »
Naïves, des professionnelles confient leur carte et surtout, le précieux numéro de NIP. Dans les faits, la course aurait coûté 40 $, mais l’amoureux ratoureux en retire 100 $. Au fil des emplettes dans différents magasins, le conjoint d’Alice (nom fictif) lui a soutiré 17 000 $ en deux ans. La relation terminée, celle-ci tente en vain de récupérer son précieux pécule.
Parfois, l’homme ou la femme, aux prises avec des problèmes de jeu commence à réhypothéquer la maison qui est sur le point d’être payée…
Autre exemple ? Le couple paie le loyer équitablement. Monsieur dit à madame : « Peux-tu me donner l’argent pour le loyer et j’irai le remettre moi-même au propriétaire ? »
En réalité, l’homme ne s’y rend jamais et subtilise carrément la somme. Au mois de juillet dernier, Mme Hénault a vu de visu le couple en question être expulsé de son loyer.
Nouveau départ
En temps de pandémie, la prise de conscience peut être longue à survenir. « Étant confiné, on n’a pas nécessairement quelqu’un soit un témoin qui nous allume en disant : regarde la façon dont il te parle ou te traite… ça n’a tout simplement pas d’allure », illustre Mme Hénault.
De son côté, la conseillère en réorganisation financière, Karine Clermont aide les femmes à entrevoir la lumière au bout du tunnel. « Il existe des mécanismes de loi comme la proposition de consommateur ou la faillite permettant de se libérer du fardeau de ses dettes et obtenir la liquidité nécessaire pour être autonome et subvenir à ses frais de subsistance. Mes clientes peuvent enfin songer à louer seule un loyer, par exemple. »
Ses conseils deviennent une source de soulagement et de libération pour les femmes mariées. Certaines craignent de partir en raison des dettes accumulées par le mari sur sa carte de crédit. « Même si on est marié, on n’est pas nécessairement responsable des dettes du conjoint », rassure Karine Clermont.
Enfin, Mme Clermont et ses collègues en réorganisation financières sont disponibles, même en temps de pandémie. « Chaque cas est différent et il y a toujours une solution pour chacun », conclut Mme Clermont.
Est-il possible de se pardonner d’avoir tolérer si longtemps une situation intolérable ? « Avant de connaître cette personne-là, j’avais des capacités et du potentiel, dit Lucie Hénault, directrice d’une maison d’hébergement. Je les ai encore et surtout, je me sers de cette expérience pour aller de l’avant.»
Victimes d’abus d’un conjoint ? Il est possible de faire appel à des ressources comme SOS violence conjugale au 1-800-363-9010.
Et l’on prend un nouveau départ financier en demandant une consultation gratuite avec une conseillère en réorganisation financière, comme M. Clermont.